Nous avons participé à une table ronde organisée par Olivier Wyman portant sur les enjeux des technologies « virtuel-réel » et du métaverse pour le secteur Aérospatial & Défense en compagnie de notre client Nicolas Chevassus, head of Ariane 6 Digital.
Voici un résumé des points importants qui ont été soulevés :
Les technologies de Réalité-Virtuelle sont maintenant fortes de plus de 20 ans d’ancienneté dans certaines industries françaises. ArianeGroup utilisait des solutions permettant de voir Ariane 5 à l’échelle 1:1 dès 1999, puis en 2005 a développé la capacité à créer des mannequins pour vérifier la maintenabilité, ensuite autour de 2010 la Réalité Augmentée a été introduite pour guider les opérateurs dans les différentes étapes des opérations.
Fort de ces nombreuses années d’expérience, ArianeGroup cherche, comme de nombreuses industries, la « continuité numérique” ; la possibilité de travailler sur un même fichier de manière collaborative depuis la conception jusqu’à la maintenance, en passant par la production et la formation. C’est ici que réside le plus grand levier pour générer un gain d’efficacité et un décloisonnement entre les métiers et les usages au sein des industries ; et cela passe nécessairement par l’utilisation de jumeaux numériques. La volonté étant d’obtenir une meilleure flexibilité dans l’usage des données sur un fond d’évolution technique qui permet une meilleure immersion pour les exploiter.
Cette continuité numérique passera probablement par des métaverses qui nous proposent de nouveaux challenges.
Le métaverse, 4 promesses et enjeux :
- La première promesse, c’est le futur de l’internet ; avec le Web3 on attend, et on espère un changement dans l’utilisation d’internet. Du point de vue de l’ingénieur, la promesse est la virtualisation de toute chose. L’enjeux c’est de rendre collaboratif un environnement pour les ingénieurs dans lequel on puisse travailler et surtout interagir pour creuser les idées. C’est un espace dans lequel le facteur humain est important.
- La seconde promesse est celle d’un espace de développement et d’échange. Cela implique une gestion fine des utilisateurs et des “communautés” mais aussi une gestion des versions et de la traçabilité. L’enjeu c’est la sécurité des données. C’est un point clef qui soulève de nombreuses questions comme celle de la gouvernance des données, leur hébergement et bien sûr leur maîtrise. En bref : qui, comment et où sont hébergées les données.
- La troisième promesse est celle d’une place de marché. Un lieu où l’on peut acquérir des produits physiques ou numériques ainsi que des services. L’enjeu est la régulation ; quelles bonnes pratiques, avec quel relais entre usage et législation.
- La quatrième promesse est celle d’une plateforme contenant des contenus, des applicatifs, une infrastructure système et logiciel, et une infrastructure réseau. L’enjeu face à cela est la souveraineté.
Il faut pouvoir maîtriser l’ensemble des composants évoqués, a fortiori pour des sujets particulièrement sensibles des secteurs Aérospatial & Défense.
Il faut aussi prévoir de pouvoir former efficacement l’ensemble des parties prenantes pour faire face à l’importance des enjeux que nous avons évoqués.
Les promesses du Métavers amènent à imaginer des bénéfices colossaux pour l’innovation pure. De notre point de vue, une des finalités est de tester des choses que l’on ne connaît pas, dans des environnements que l’on ne connaît pas et donc de pouvoir accéder à des simulations concrètes de situations presque “inimaginables” tout en étant immersives.
Pour l’illustrer, nous pensons à l’exemple de la NASA qui, en partenariat avec Epic Games, a lancé un appel à projet pour créer des expériences VR de vie sur Mars à des fins de recherche et de test. On pense aussi à la présentation du nouveau projet de navette spatiale européen par ArianeGroup, Susie, dont les simulations permettent à un grand nombre de personnes de comprendre le projet et donc de pouvoir le soutenir.
Plus concrètement, le secteur Aérospatial & Défense est un secteur aux enjeux multiples et souvent spécifiques en raison de la notion de secret qui l’entoure ; il adresse des problématiques particulièrement complexes et implique un certain nombre d’usage :
Les projets innovants doivent être disruptifs pour ne jamais être pris par surprise. Ces projets nécessitent des représentations du réel pour faire des simulations ou de la surveillance et impliquent des besoins d’anticipation précises en vue de dérisquer au maximum et le plus en amont possible.
Les projets réunissent souvent un grand nombre d’acteurs : des collaborateurs, des fournisseurs, des partenaires ou encore des institutions publiques qui peuvent être répartis dans différents lieux géographiques ; les besoins d’outils de collaboration sont donc particulièrement importants.
On comprend donc très bien pourquoi les promesses du Métavers semblent tout à fait adaptées à l’ensemble de ces besoins.
De plus, l’existence de projets de très grande taille est une autre spécificité du secteur ; on pense ici aux fusées comme Ariane 6, à la station spatiale internationale ou encore aux porte-avions. Pour de tels produits, les prototypes à l’échelle 1:1 n’existent pas et les alternatives en réalité virtuelle proposées aujourd’hui sont une véritable évolution.
Dans ce contexte, l’émergence de nouvelles solutions immersives d’exploitation de données ouvre de nouveaux horizons pour tester toujours plus de situations possibles.
C’est pour tenter de répondre à ces multiples enjeux que SkyReal développe une solution logiciel permettant de transformer les fichiers CAD existant en expérience réaliste à l’échelle 1:1 en se basant sur la technologie du moteur Unreal Engine de la société Epic Games fondée par Tim Sweeney.
Concrètement, l’idée est de réunir les collaborateurs en réalité virtuelle autour d’un projet industriel pour travailler plus efficacement. C’est en ce sens que nous parlons maintenant de Metaverse, un mot entré dans le langage commun avec le changement de nom de la société Facebook. Un metaverse est, dans la manière dont nous le définissons chez SkyReal, un univers virtuel dans lequel plusieurs personnes peuvent se retrouver munis d’un casque VR ou non, pour effectuer des choses en commun dans le même espace et où se trouvent des éléments CAO qui n’ont pas été spécifiquement créés pour cela.
En d’autres termes, c’est une nouvelle manière d’exploiter des fichiers 3D existant pour réaliser tout type d’action portant sur la conception, la production ou encore la préparation, l’entraînement et la maintenance.
Le métaverse industriel offert par SkyReal permet de nombreux usages à ses utilisateurs avec en premier lieu la collaboration dont nous avons parlé plus haut.
Pour les ingénieurs c’est un lieu de conception aux possibilités infinies dans lequel les modifications apportées peuvent être sauvegardées sur le CAD d’origine en vue de lier innovation et production.
Il est également possible d’y faire des revues de design avec un très grand nombre de participants ; nous avons développé des outils spécifiques pour cela.
SkyReal permet aussi de simuler et d’expérimenter, de tester plusieurs scénarios et de voir rapidement les directions possibles pour innover plus vite.
Dans les projets de grande envergure qui impliquent de nombreux collaborateurs sur plusieurs sites de production et dans plusieurs pays, il n’est pas toujours aisé d’avoir une vue d’ensemble et de suivre avec précision son avancée. SkyReal propose une solution pour considérer un projet dans son ensemble en exploitant les données existantes ; c’est en cela un nouvel outil d’aide à la décision.
Enfin, et de manière générale, l’idée est de constituer un environnement de travail participatif où chacun pourra développer sa contribution et qui offrira une représentation commune d’un projet complexe réalisé par des consortiums très variés ; c’est un projet ambitieux dont les premières pierres sont d’ores et déjà posées.