Les technologies immersives sont un secteur qui bouillonne et évolue sans arrêt. De nouveaux concepts émergent chaque année, créant parfois un manque de compréhension. Pourtant, ces outils virtuels sont des alliés profitables pour les entreprises et les citoyens. Dans cet esprit, la Commission de l’Union européenne vient d’adopter une stratégie autour du Web 4.0 et des mondes virtuels afin d’encadrer la prochaine transition technologique, avec trois objectifs clairs : aligner le Web 4.0 et les mondes virtuels avec les valeurs de l’Union européenne ; respecter et appliquer les droits fondamentaux des citoyens ; assurer la prospérité des entreprises du continent.
Web 4.0 : de quoi parle-t-on ?
Si les mondes virtuels sont déjà bien connus de tous, le Web 4.0 nécessite une clarification de sa définition. Au cours de l’histoire d’Internet, il y a eu plusieurs versions du web. Cela a naturellement débuté avec le Web 1.0 dans les années 1990, pour arriver jusqu’au Web 3.0 que nous utilisons aujourd’hui. Désormais, on parle de Web 4.0, une version encore plus avancée qui a pour ambition de briser la frontière entre le réel et le virtuel.
En quoi le Web 4.0 sera-t-il différent ? Nous parlons ici au futur car nous n’en sommes qu’aux prémices de ce concept. Le Web 4.0 sera un Internet ultra-intelligent, où des outils comme l’intelligence artificielle, la réalité augmentée, l’Internet des Objets et l’apprentissage automatique seront à leur paroxysme. Les moteurs de recherches agiront comme des assistants virtuels et seront capables de comprendre les internautes, leurs besoins et leurs demandes. Ils seront dotés d’une grande capacité d’analyse pour traduire les comportements en données utiles.
Les interactions entre humains et machines seront ainsi améliorées et plus fluides. C’est pourquoi on pense que le Web 4.0 sera l’Internet “invisible”, présent dans notre quotidien et connecté à tous les objets autour de nous, avec un seul but : nous simplifier la vie. Le Web 4.0 incarne le monde “phygital”, qui fusionne physique et digital.
Mondes virtuels : un marché en expansion
Depuis la pandémie, les mondes virtuels ont la côte. Les besoins d’échanger à distance ont propulsé leur ascension à travers le monde. Les plus grandes marques du secteur ont (re)sorti leur plateforme pour communiquer de manière plus immersive. Les plus grandes entreprises internationales se sont laissées tenter par ces solutions virtuelles. Le marché des mondes virtuels est promis à un avenir prospère.
En effet, en 2022, la valeur du marché mondial des mondes virtuels représentait 27 milliards d’euros, dont 1,9 milliard dans l’industrie automobile. En Europe, on recense plus de 3 700 entreprises, instituts de recherche et organismes gouvernementaux qui ont comme sous-domaine les mondes virtuels. En 2030, des estimations imaginent ces mêmes chiffres exploser et prévoient une croissance du marché de 800 milliards d’euros et la création de 860 000 emplois dans le secteur de la réalité étendue (XR).
Aujourd’hui, les mondes virtuels sont voués à des usages variés dans de nombreux domaines. Dans la santé, ils permettent de former les étudiants et les soignants grâce à des simulations d’opération ou de situation d’urgence. Dans l’industrie, les mondes virtuels accélèrent les processus de R&D et la production, menant au raccourcissement des délais de livraison et à la réduction de l’empreinte carbone liée à la fabrication. Côté éducation, l’enseignement expérientiel apparaît comme une des solutions pour permettre aux élèves de mieux apprendre et comprendre. Dans le domaine de l’art, les mondes virtuels ouvrent des possibilités de création infinies, résultant en des expériences artistiques uniques et immersives. En bref, les mondes virtuels touchent positivement tous les secteurs d’activité.
La stratégie de l’Union Européenne en 4 pilliers
Le Web 4.0 n’est aujourd’hui qu’à l’étape de concept. Les mondes virtuels, eux, sont déjà une réalité depuis quelques années. En construisant une stratégie, l’Union Européenne affiche son ambition de placer le continent en avant-garde, dans un but de maîtrise et d’adhésion massive.
La Commission a axé son approche en 4 piliers :
- Informer équitablement les citoyens
- Rendre les mondes virtuels plus ouverts et sécurisés
- Soutenir l’écosystème industriel européen
- Mettre les outils virtuels à disposition de tous
Informer équitablement les citoyens
L’une des premières étapes selon l’Union européenne est d’éclairer la société civile autour de ces deux nouvelles technologies. Ainsi, avant la fin de l’année 2023, la Commission promouvra les principes fondamentaux des mondes virtuels. Puis, durant le premier semestre 2024, elle sortira une boîte à outils à destination des citoyens avec des orientations et des conseils sur le sujet. Son objectif est de favoriser la prise de conscience et de sensibiliser les publics inexpérimentés. À cet égard, un effort sera fait pour la formation de spécialistes des mondes virtuels. Pour cela, une filière de talents sera créée en collaboration avec les États membres de l’Union Européenne.
Rendre les mondes virtuels plus ouverts et sécurisés
L’un des sujets primordiaux quand on parle de mondes virtuels est la sécurité. La Commission européenne l’a bien compris et axe une partie de sa stratégie sur cette question. Son ambition est de s’asseoir à une table avec les parties prenantes de la Gouvernance de l’Internet afin de mettre en place des normes autour du Web 4.0 conformément à sa vision et ses valeurs. L’objectif principal est de rendre les mondes virtuels et les outils liés au Web 4.0 interopérables, afin de faciliter leur utilisation et leur régulation. Pour cela, il est important de mettre en place des standards et des règles communes à tous.
Soutenir l’écosystème industriel européen
Aucun écosystème européen n’existe à l’heure actuelle pour rassembler les acteurs du secteur des mondes virtuels et du Web 4.0. L’objectif de la Commission pour 2025 est d’encourager l’excellence dans la recherche et de proposer une feuille de route industrielle et technologique pour les mondes virtuels. Pour encourager l’innovation, elle soutiendra aussi les créateurs et médias européens pour qu’ils testent de nouveaux outils de création et rassemblera les développeurs et les utilisateurs industriels.
Mettre les outils virtuels à disposition de tous
Afin de tirer parti des opportunités apportées par les mondes virtuels, l’Union européenne conduit déjà des initiatives pour permettre aux chercheurs et aux industries de développer des applications qui peuvent servir à tous. Dans cet esprit, la Commission veut lancer deux outils virtuels : “CitiVerse”, un environnement immersif utilisé pour la planification et la gestion urbaine ; et un jumeau virtuel qui copie le corps humain et vient en aide aux soignants pour prendre des décisions cliniques. L’idée de la Commission européenne est donc de montrer que les mondes virtuels et le Web 4.0 ont des bienfaits pour chacun d’entre nous.
En résumé, l’Union Européenne entend s’emparer du phénomène des mondes virtuels et du Web 4.0 afin d’en faire des outils fructueux pour ses citoyens et ses acteurs économiques. En voulant encadrer et booster la future transition technologique, la Commission européenne dévoile un horizon d’expansion pour les entreprises du continent. Celles-ci bénéficieront d’un coup de pouce pour promouvoir leurs outils virtuels auprès d’un public davantage informé et sensibilisé.